30 SA, c’est 30 semaines d’aménorrhée, 6 mois et demi de grossesse. C’est le terme moyen auquel naissent les bébés grands prématurés. C’est le terme auquel mon fils est né il y a 15 ans, à l’hôpital sud de Rennes où il a passé 2 mois en réanimation néonatale et néonatologie, relié à la vie par des sondes et des tuyaux, par des électrodes qui font sonner des alarmes, et surtout par les mains des soignant.es et de ses parents.
Comme lui, 55 000 enfants naissent prématurément chaque année en France, c’est-à-dire avant 37 SA ou 8 mois de grossesse. Ce chiffre est stable et représente près de 7% des naissances. Les plus minuscules et les plus fragiles d’entre eux, nés parfois jusqu’à moins de 5 mois de grossesse, tiennent dans le creux d’une main et ne pèsent que 500 grammes. Plus ils naissent tôt et petits, plus leur avenir est incertain. Des poids plumes dans un combat à la mesure des bras qui les portent.
La prématurité est devenue depuis une dizaine d’années la première cause de mortalité infantile dans le monde, la médecine ayant mieux fait reculer les dangers liés aux maladies infectieuses que ceux liés à une arrivée précoce dans ce monde. Depuis 10 ans, la France est passée de la 3e à la 20e place européenne en matière de mortalité infantile, qui est devenue supérieure à la moyenne des pays européens, et des progrès sont nécessaires notamment dans le soin aux nouveaux-nés les plus vulnérables qui demande des moyens : le manque de lits en réanimation néonatale et de personnel infirmier sont notamment mis en cause par le président de la Société française de néonatologie.
Complémentairement à une augmentation des moyens hospitaliers pour ces bébés à haut risque, des progrès peuvent aussi passer par l’accentuation des soins de développement, mis en place par exemple dans le cadre du programme Nidcap, importé des Etats-Unis à la fin des années 1990, d’abord au CHU de Brest, puis à Rennes et d’autres hôpitaux en France. Cette philosophie de soins inclut le contrôle du bruit et de la luminosité dans l’environnement des bébés, l’enveloppement, le peau à peau avec leurs parents qui aide les enfants à se stabiliser… Elle est mise en place depuis plus de 10 ans dans les trois unités du service de néonatologie du CHU de Rennes, fait du respect du rythme de ces bébés une priorité, avec l’espoir d’abord de préserver leur bien-être, et peut-être de les aider à mieux survivre et grandir.
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Prix et projections :
- Sélection et exposition au Festival du photoreportage BarrObjectif 2024 à Barro (Charente)
- Sélection et projection d'un diaporama sonore (photos et captations sonores faites pendant mon reportage) à Présence(s) Photographie 2024 à Montélimar
- Coup de cœur de l'ANI 2023 et projection au Palais des congrès au Festival International du Photojournalisme Visa pour l'image à Perpignan